« Well, things happen. Sometime, somewhere, somehow. »

Mange un nénuphar, ça fait rentrer moins tard.

Le mystère de cette cabane est parvenue jusqu'à tes oreilles. Et tu ne peux pas t'empêcher de scruter, d'essayer de repérer quelques indices. Cette énigme, il faut que quelqu'un la creuse, la décortique et la résolve! Tu n'étais pas tout de suite prête pour ça. Ton seul intérêt du moment est de t'imaginer chercher les clés du mystère. Projections de scènes. Toi qui fouille ces lieux branlants. Cric-crac. Dites, le bois est pas très frais ici.

Lorsque tu t'arrêtes. Fatiguée de visualiser. Mais pas assez enthousiasmée pour bouger. Et t'as pas assez fouillé dans ta tête. Cette étape n'est pas achevée, raison de plus pour rester coucher. Juste là, dans l'herbe.

Tentative numéro deux de recherche virtuelle. Est-ce que ça sent la nourriture? Le foyer? Le propre? T'imagines bien que s'il y a quelqu'un, faut qu'il se fasse son chez lui. Mais quel genre d'être pourrait bien venir que de nuit? Peut-être est-ce une demeure pour amants? Au programme très chargée. Une association d'amants secrets doit se tenir pour squatter tous les jours au même rythme et aux instants étoilés... Qui sait, ils sont surement organisés. Programme chargée et faut réserver! Et puis, quoi. Personne n'a songé à visiter l'endroit?

A cette question, tu tiltes. Tous ceux qui sont passés par ici ont dut raisonner comme toi. Ils préfèrent se faire des films plutôt que de voir la vérité en face. Et à cette conclusion, c'est un sentiment de fierté qui te fait agir. Il faut que t'ailles jeter un œil. T'es pas comme eux. Tu vas aller voir de tes propres yeux ce qui se trame dans cette cabane! Quitte à être déçue.

Babs Seed

Voilà. Je suis installée. J’arrive toujours pas à y croire, tout semble encore flou autour de moi. Et je trouve ça super excitant ! De toute façon, je suis pas une froussarde moi. Même que je décide d’aller explorer la ville. Je mets mon chapeau sur ma tête, attrape ma canne à pêche supersonique et un petit pois au cas où j’ai un petit creux et c’est parti ! Je commence doucement, en restant perchée sur un muret histoire de pas me faire écraser dès le début de l’aventure. Je sautille joyeusement, me demandant par quoi commencer, quand j’entends une discussion intéressante…

« N’importe quoi… »

« Mais si, je te jure ! Il y a de la lumière, mais il n’y a jamais personne… C’est un fantôme je te dis ! »

Un fantôme ! Ça, c’est du mystère ! Je reste un instant à les écouter, juste pour savoir où se situe cet endroit étrange, puis je reprends ma route. C’est dommage que j’ai pas emmené ma BMM (Bobine Mécaniquement Modifiée) pour aller plus vite, je ne pensais pas aller si loin pour le premier jour… Mais l’aventure n’attend pas, j’ai le sentiment que je DOIS aller dans cette cabane. Ou bien c’est juste mon sixième sens, celui qui m’attire toujours des ennuis. Bah, de toute façon je m’en sors toujours !

Je saute sur l’épaule d’un petit garçon à vélo qui, trop concentré sur sa course, ne me remarque pas. J’ai de la chance, il m’amène à quelques minutes de ma destination ! Enfin, quelques minutes en version neen. Je me retrouve rapidement dans l’herbe, et j’ai l’impression d’être de retour chez moi. J’aurai bien bricolé un truc pour aller plus vite, mais j’ai pas de matériel à proximité. Et puis je suis bien trop pressée pour m’arrêter ! Alors je décide de courir.

J’arrive devant la maison en bois, complètement essoufflée. J’essaye de calmer ma respiration avant de lever les yeux pour voir à quoi elle ressemble.

« Cabane, cabane, c’est pas une cabane ça ! C’est gigantesque ! »

Sauf que… La porte est fermée.

« Flûte ! »

Je râle, tentant de passer mon bras dans l’interstice sous la porte. Mon bras passe, mais pas le reste de mon corps. Trop petite pour ouvrir la porte, trop grande pour passer dessous. Vraiment pas de chance. Je recule de quelques pas, remarquant un carreau brisé à un bon mètre de hauteur. C’est l’heure d’utiliser ma canne à pêche ! Dès le premier essai, elle s’accroche au rebord de la fenêtre. Victoire !

L’ascension est plutôt rapide mais, au moment où j’arrive enfin devant la vitre, j’entends un bruit derrière moi. Quelqu’un approche. De toute évidence, ce n’est pas le fantôme de la cabane. Je lance d’une voix forte, vexée :

« Eh ! C’est moi qui ai décidé d’explorer d’abord ! »

Que fait un divan si l'on dit feu?

Tu atteins presque la porte lorsque qu'un bruit attire ton attention.

Pomme : « Eh ! C’est moi qui ai décidé d’explorer d’abord ! »

C'est dit fort mais l'effet est tout riquiqui petit. Du regard tu scrutes les alentours. D'où vient cette voix. Il te faut le découvrir. Derrière toi? Rien. Dans l'herbe. Non. Sur cette grosse pierre? Non plus. C'est bizarre... Ton esprit te joue peut-être des tours. Tu secoues la tête, et ferme les yeux. Confuse. Tu te demande si c'était bien réel. Soupirante, tu te redresses, et rouvres les yeux.

C'est vraiment bizarre. Tu n'as pas pu rêvé tout de même! Ce n'est vraiment pas ton truc de divaguer. Et à cette réflexion, tes yeux se posent sur la vitre à ta droite. Un carreau est cassé, mais plus près, un être miniature te fixe.

Une Neen! Bien sûr. Tu ne sais pas trop quoi lui répondre. Alors, tu ne dis rien et tourne la poignée.

Quelsy : « ... Il fait froid. »

Ce n'est pas la Sibérie. L'endroit semble juste inhabité, désert, et, franchement, abandonné depuis des lustres en cristal. Tu repenses à la source de lumière nocturne. Et, logiquement, si quelqu'un vit ici on le ressentirait un minimum. Mais là. Rien. Niet. Nada. Te première supposition est donc fausse. Aucune organisation marginale ne loge dans le noir de la demeure.

Quelsy : « Personne n'habite dans la cabane. »

A moins qu'il ne soit pas de sang chaud.

I need a Hero

La grande perche bizarroïde, elle m’a pas remarquée. Elle sait même pas repérer une voix, mais pff quoi. Du coup je croise les bras et j’attends, le regard furibond. Ou bien furie-bon, je sais pas. Je fais mon regard de pas contente, voilà. Ses yeux ils passent partout, sauf dans ma direction. J’ai envie de lui crier « La fenêtre, grand bêtasse ! », mais je me retiens. Elle finit par me voir. Je vois qu’elle est surprise, donc elle m’a vraiment vue. Sauf qu’elle m’ignore, et qu’elle tourne la poignée.

« ... Il fait froid. »

Que que quoi ? Je reste sans voix pour le coup. Enfin, pas longtemps. Je passe à travers le verre brisé, en serrant les poings. Pour qui elle se prend celle-là ?

« Personne n'habite dans la cabane. »

Là, c’est la goutte d’eau qui fait déborder le vase. C’est de la discrimination envers plus petit que soi !

« Hep, toi là ! Bouge plus ! »

Je lance ma canne à pêche et hop, ni une ni deux je me retrouve debout sur son épaule. Ben oui, je suis trop agile moi, vous croyez quoi ! En fait, je suis un peu énervée, parce qu’elle a réussi à explorer avant moi. Mais bon, elle fait passe trop vite aux conclusions.

« Bon. Puisque tu es là, tu vas m’aider dans ma quête. Il faut retrouver les traces d’un fantôme. On restera toute la nuit s’il le faut ! »

Elle ne peut pas voir ma tête, à moins de se déboîter le cou, mais je rayonne. Cette aventure est terriblement excitante ! Et puis avoir un grand avec soi, c’est quand même pratique pour certaines choses.

« Pour commencer, on va aller regarder le tas de couvertures là-bas ! En avant ! »

Un manchot ? N'importe quoi! Tout le monde sait qu'un mont est super froid.

Pomme : « Hep, toi là ! Bouge plus ! »

Tu n'as pas le temps de refuser lorsqu'elle saute sur toi. Non pas comme un puceron, mais grâce à ce qui semble être une canne à pèche. Dont l'hameçon s'accroche à ton épaule. Tu es le poisson, elle est le pécheur. Mais pourtant, c'est elle qui vient à toi. Du sol, elle est maintenant debout près de ta tête, et triomphante.

Pomme : « Bon. Puisque tu es là, tu vas m’aider dans ma quête. Il faut retrouver les traces d’un fantôme. On restera toute la nuit s’il le faut ! »

Ah, pour le coup. Tu es parfaitement d'accord. N'étant là ni pour chaumer, ni pour végéter entre quatre murs. Son enthousiasme te fait sourire. C'est agréable de sentir un tel entrain.

Pomme : « Pour commencer, on va aller regarder le tas de couvertures là-bas ! En avant ! »

C'est avec plaisir que tu t'exécutes. Allez quoi, trouve ce qui se cache derrière ce mystère! Ce jeu de cache cache, faut le gagner! Tu cherches, nerveusement. Impatiente. Mais tu dois trouver quoi au juste?

Quelsy : « Tu as une idée de ce que l'on doit chercher? Un fantôme n'a pas besoin de nos objets? Je me demande si ce n'est pas autre chose de plus vivant qui habite ici. Comme un gnoll, un elfe, ou qu'en sais-je. »

Dénicher le matos d'un spectre n'est pas chose aisé. Tu t'imagines bien que ses affaires doivent être invisibles après tout? Pourquoi se servirait-il de nos objets lourds et temporaires... Quitte à être différent, autant l'être jusqu'au bout. Tu le vois bien avec une maison trop classe invisible et légère comme le vent. Qu'il pourrait surement transporter partout où il va. Et dans ce cas, nul besoin de cette cabane...

Quelsy : « Un ghost n'a pas besoin de lumière pour voir le soir. Surtout que ça risque d'attirer les curieux. Des gens curieux de savoir, comme nous. Et les fantômes sont solitaires, non? Alors à moins de vouloir de la compagnie, je ne vois pas trop pourquoi ils feraient ça. »

Finalement, tu préfères rester dans l'hypothèse de ta coéquipière. Autant écarter cette idée efficacement, avant d'en attaquer une autre.

The Winner Is

La grosse bêbête, je crois qu’elle sourit. J’arrive pas à bien voir, mais je le sens dans sa manière de se tenir. C’est fou le nombre de choses qu’on peut deviner en étant posé sur l’épaule de quelqu’un. J’suis contente parce qu’elle me chasse pas d’un revers de la main, j’aime pas quand les gens ils font ça. Comme je lui ai demandé, elle s’avance vers le tas de couvertures et elle commence à chercher. Mon regard d’aigle scrute le moindre bout de tissu, à l’affut...

« Tu as une idée de ce que l'on doit chercher? Un fantôme n'a pas besoin de nos objets? Je me demande si ce n'est pas autre chose de plus vivant qui habite ici. Comme un gnoll, un elfe, ou qu'en sais-je. »

Je n’y avais pas réfléchi, mais je fais comme si je savais tout. Je prends mon air de « C’est évident ! », mais je ne réponds pas. C’est tellement évident qu’elle devrait le savoir ! On cherche quelque chose d’extraordinaire. C’est pas plus compliqué que ça. Enfin, je crois.

« Un ghost n'a pas besoin de lumière pour voir le soir. Surtout que ça risque d'attirer les curieux. Des gens curieux de savoir, comme nous. Et les fantômes sont solitaires, non? Alors à moins de vouloir de la compagnie, je ne vois pas trop pourquoi ils feraient ça. »

Je me redresse tout à coup, car je viens d’avoir une révélation. Elle a raison, ce n’est pas pour rien que la lumière est allumée ! Si les gens l’ont remarquée, ça doit vouloir dire qu’on VOULAIT qu’on la remarque. Et quelle qu’en soit la raison, nous allons le découvrir !

« Mais oui, c’est ça ! Tu es un génie, euh... Watson ? »

Je me rends compte soudainement que j’ignore comment se nomme l’étrange créature que je surmonte. Je m’agrippe à son visage pour essayer de la regarder vaguement dans les yeux. Bon, ça marche pas trop, je la fais carrément loucher. Tant pis.

« Tu t’appelles comment au fait ? »

Ben oui, je vais pas l’appeler Grande Perche en permanence, surtout si on doit passer la nuit dans cette cabane. En attendant, je réfléchis. C’est peut-être un complot. Mais bon, ça ne m’inquiète pas plus que ça, je suis trop forte de toute façon. Même si une armée nous tombait dessus, je m’en sortirai. J’ai peur de rien ! Après c’est peut-être juste quelqu’un qui se sent seul. Sauf que sa méthode pour se faire remarquer n’a pas eu l’effet escompté. Dans ce cas, on aura qu’à partager un bon repas en discutant et en faisant des jeux et ce sera réglé. Logique, non ?

Le livre, chez les objets c'est celui qui boit toujours trop.

Pomme : « Mais oui, c’est ça ! Tu es un génie, euh... Watson ? »

A cette affirmation tu penses qu'il y a peut-être un génie ici? Et que la nuit des privilégiés renseignés viennent frotter la lampe. Décidément tu n'arrives pas à te sortir de la tête qu'une organisation squatte les lieux. Néanmoins, il faut avouer que cela explique la lumière, et l'air inhabité de la chaume. Bon, ok. Plutôt une entreprise qui exploiterait ce côté délabré et mystique, plutôt que de tout nettoyer. Histoire de faire des économies sur le dos d'une soit disant magie des lieux. Cherche encore et essaye de trouver l'objet. Ce n'est peut-être pas une lampe. Alors tu te dis qu'il faut tout passer au peigne fin, frotter, lustrer, et nettoyer. C'est le printemps avant l'heure.

Pomme : « Tu t’appelles comment au fait ? »

La Neen demande ton nom. C'est vrai que c'est étrange, vous ne vous étiez même pas présenté. Cette cabane vole les bonnes manières.

Quelsy : « Mon nom est Quelsina Lx, mais l'on me nomme Quelsy. Et toi? »

Tu réponds vite. Le ton occupée. la machine est en route, pas moyen de la stopper dans sa course. Elle doit bien être quelque part cette lampe!
Le tas de couverture est pliée, dépoussiéré. Au passage, tu as même frotté le tissu. Qui sait, il se pourrait que ce soit une nouvelle sorte de génie! Avant de passer à la suite des opérations, quelque chose te rappelle que vous êtes deux, que vous êtes une équipe. Pour une fois que tu rencontres quelqu'un qui agit au lieu de spéculer. Le tenir au courant de tes agissements seraient bienvenue.

Quelsy : « Tu connais la légende du génie de la lampe ? »

Cette histoire n'est pas courante sur Etoh, c'est ton père qui te l'a apprise. Un humain. Dans ton enfance, à ces âges où tout a un goût de conte de fée.

Sirens Call

« Mon nom est Quelsina Lx, mais l'on me nomme Quelsy. Et toi? »

J’ai mon sourire qui remonte jusqu’aux oreilles. Je sautille un peu, toujours perchée sur son épaule, et puis je lâche en riant :

« Hé hé, c’est trop marrant ! Moi aussi mon vrai nom il finit par –ina ! En vrai je voulais pas le dire, parce que je trouve que c’est un peu la honte, mais comme toi aussi il est comme ça alors je veux bien, mais tu le répètes à personne hein ? PER-SONNE ! Bon. »

Et là c’est la honte parce que j’ai plus de souffle. C’est parce que j’ai parlé trop vite. Mais c’est pas ma faute, c’est la première fois que je rencontre quelqu’un qui a la même malédiction que moi en prénom ! Sans compter mes sœurs… Bref. Ma respiration est redevenue à peu près normale, alors je lui dis (enfin).

« Je m’appelle Pommelina. Mais je préfère qu’on m’appelle Pomme. »

Je suis contente, genre vraiment très contente. Du coup je suis encore plus motivée à trouver ce fantôme ! Ou bien le truc qui habite ici. Peu importe. Je remarque qu’en fait Quelsy elle est en train de nettoyer. C’est marrant. J’aimerai bien faire pareil. Parce que la poussière cache peut-être les indices ! En parlant de poussière…

« Tu connais la légende du génie de la lampe ? »

« Uh ? »

Pour le coup, j’en perds le fil de ma pensée. Génie ? De quoi ? Pourtant ma mamie me racontait plein d’histoires quand j’étais petite (… ok, je suis toujours petite). Mais celle-là, je ne la connais pas. C’est peut-être pas un conte de neen…

« Non, je connais pas. C’est quoi ? »

Je profite qu’elle soit penchée pour quitter son épaule et sauter gracieusement sur la table. Elle est toute abimée et pleine d’échardes et de morceaux de je sais pas quoi. C’est un peu dégueu. J’attrape un vieux chiffon sur le côté, le secoue un peu, et puis je me mets à frotter pour retirer la crasse. Mais j’écoute Quelsy quand même, oh ! Je sais faire de choses en même temps moi, vous croyez quoi ? Surtout qu’elle a l’air cool l’histoire du génie de la chandelle.

J'ai peur des larmes. Parce que sans r, ça devient des lames.

Pomme : « Hé hé, c’est trop marrant ! Moi aussi mon vrai nom il finit par –ina ! En vrai je voulais pas le dire, parce que je trouve que c’est un peu la honte, mais comme toi aussi il est comme ça alors je veux bien, mais tu le répètes à personne hein ? PER-SONNE ! Bon. »

Tu ne bronches pas.

Pomme : « Je m’appelle Pommelina. Mais je préfère qu’on m’appelle Pomme.»

Tu reste concentrée sur ton activité.

Quelsy : « Tu connais la légende du génie de la lampe ? »

Pomme : « Uh ? »

Tu attends.

Pomme : « Non, je connais pas. C’est quoi ? »

Quelsy : « C'est une histoire de lampe, et d'esprit non humain. De génie. D'une vaporeuse entité humanoïde, parfois. Ce conte raconte qu'un jour un homme a frotté la lampe, et d'elle est sortie ce génie. Il lui a permis trois vœux, de son choix. Peut-être qu'ici se réitère l'Histoire. Dans les vêtements, dans un placard, dans un coin, n'importe quel objet. Un remake, peut-être que si l'on frotte une fourchette quelque chose va en sortir. Peut-être que c'est l'esprit cette lumière du soir. Et que chaque nuit quelqu'un vient perpétuer le rituel. Et que sur un ton habituel, une entreprise tourne sans répit. Peut-être? Ne crois-tu pas? »

Eh bien. Tu n'as jamais autant parlé. C'est un record, tu viens de penser à voix haute. Toi-même en est étonnée. Qu'est-ce qu'il t'arrive? Ce lieux est vraiment spécial. Il agit sur toi. Pour sûr, il t'influence. Tu te demandes si la Neen ressent la même chose. Alors tu la scrutes. Tu la dévisages. Elle a les cheveux blonds, l'habit montagnard. Tu ne la connais pas, donc tu ne sauras pas si elle est différente. Différente de ce qu'elle est d'habitude. Au naturel.

Tu stresses. Cela ne t'est JAMAIS arrivé, d'autant dialoguer. Vraiment, là...

Ça chauffe du citron. Tes méninges balisent. Ton cerveau! Rien compris. Hors-service.

Ta main sur le front... Exaspérée. Tu relèves le regard, et la fixe de nouveau. Sans expression. La tête en biais.

Eternity

J’avais dit que je pouvais faire deux choses en même temps. Mais quand Quelsy se met à parler, je sais pas pourquoi mais je m’arrête. Je reste pendue à ses lèvres, c’est genre comme si j’étais hypnotisée. J’écoute l’histoire du génie, avec ses mots qui flottent autour de nous.

« C'est une histoire de lampe, et d'esprit non humain. De génie. D'une vaporeuse entité humanoïde, parfois. Ce conte raconte qu'un jour un homme a frotté la lampe, et d'elle est sortie ce génie. Il lui a permis trois vœux, de son choix. Peut-être qu'ici se réitère l'Histoire. Dans les vêtements, dans un placard, dans un coin, n'importe quel objet. Un remake, peut-être que si l'on frotte une fourchette quelque chose va en sortir. Peut-être que c'est l'esprit cette lumière du soir. Et que chaque nuit quelqu'un vient perpétuer le rituel. Et que sur un ton habituel, une entreprise tourne sans répit. Peut-être? Ne crois-tu pas? »

Et puis la magie elle s’en va. Pouf, envolée ! Quelsy a l’air toute perdue, un peu gênée même. Je reste un instant plantée là, et puis d’un seul coup je me redresse et sautille, comme si j’étais montée sur un ressort. Une balle rebondissante version neen !

« WOUAAAAAAAAAAH !! Comme t’explique trop bien Quelsy ! T’es une conteuse en fait !! »

Mes yeux brillent, je sens mon sourire qui s’étend dans tout mon corps. Je crois que c’est la première fois que j’admire quelqu’un, sauf mon papa quand j’étais petite mais lui il compte pas. D’habitude je me dis toujours que je peux faire mieux, que c’est moi la meilleure de toute façon. Alors pourquoi là c’est pas comme d’habitude ?

« Wouuhouuu ? Quelsy ? »

Elle a l’air d’être là et pas là en même temps. J’agite mon bras devant elle, comme pour la sortir de son rêve éveillé. Je crois que je m’inquiète un peu pour elle. Au point que j’en oublie presque notre chasse au fantôme.

« Ça va ? »

Yaourt sous yourte.

Pomme : « WOUAAAAAAAAAAH !! Comme t’explique trop bien Quelsy ! T’es une conteuse en fait !! »

Tu n'entends pas, tu es bouffée par le stresse. Cette phrase passe sous silence. Tes yeux cependant suivent le mouvement de son bras qui se balancent de droite à gauche.

Pomme : « Wouuhouuu ? Quelsy ? »

Que-quoi? Qu'est-ce qu'il y a? Pourquoi t'appelle-t-elle? Qu'as-tu fait de mal... Tu espères que ce n'est rien de grave. Tu ne voulais pas. Tu as juste voulu...

Pomme : « Ça va ? »

Comment?

Quelsy : « O-oui. Ca va! », dis-tu suprise. « E-et toi? », tu souris.

Bien! Ce n'est pas très clair cette situation! Vraiment pas. Quoiqu'il se passe, cela te dépasse. Alors tu préfères oublier le fait que tu es toi, et que tu ne sais pas qui elle est vraiment. Dialoguons-un peu plus, penses-tu. Maintenant que l'inhabituel est entamé, autant le laisser aller à son gré.

Quelsy : « Je ne saisis rien à rien... Cet endroit est .... C'est comme si l'on tournait en rond! Je ne doute pas une seule seconde que quelque chose d'extra-ordinaire agit ici, mais je ne saurais dire quoi... », tu marques un temps, « Que sommes-nous supposés faire? » penses-tu à voix haute, l'air contrarié, « As-tu une idée? » en t'adressant à Pomme, cette fois.

Ah, le désespoir te zieute. Oui, tu le vois qui pointe le bout de son nez. Tu ne lui cédera rien de ton envie de percer l'énigme! Il doit bien y avoir une combine, penses-tu! Tout est possible quand on s'en donne les moyens. Maintenant plus que jamais, il te faut travailler tes ressources. En équipe. Pomme est définitivement ta partenaire dans cette galère, tu ne pourras rien résoudre sans elle. Alors, à cet instant précis, tu décides que Quelsy la tombe, la silencieuse, la mystérieuse, n'est plus. Changée, et habitée par le courage, prête à écouter et à suivre la moindre intuition de la précieuse Neen. Pour tout ce qui va venir.