Alors déjà, il faut le savoir : le titre de ce sujet est mensonger. Parce que non, Neige n'est pas délicate -que c'est beau-, non, Neige n'est pas douce et silencieuse. En fait, Neige, elle est tout le contraire. Neige, on la regarde bizarrement, presque aussi bizarrement que l'on regarde un hybride, Neige, on a du mal à l'assumer en tant qu'être de la même espèce que soit. Neige elle est insupportable, Neige elle est gamine. Quoi, c'est pas ce que l'on attend d'un oxyd ? Neige le sait; mais Neige, parfois, elle aimerait agir comme il faut, comme son papa et sa maman; mais c'est plus fort qu'elle; Neige, putain ce qu'elle est chiante. Neige, elle regarde avec envie tous ces petits humains, ces débarqués, parce qu'en fait, Neige, elle n'aime pas ce qu'elle est. Neige, curieuse, enfant qui rêve d'aventure, enfant qui s'ennuie. Neige, elle a cette habitude, hyperactive pourtant, de se rendre à la gare, de s'asseoire, et d'attendre. D'attendre quoi ? Quelque chose. Elle regarde les débarqués, pousse un soupire mélancolique, rêveur. Elle lève le nez, et parfois même, elle s'endort comme ça -oui, on lui a déjà fait les poches. Neige, on lui reproche plein de trucs, elle boude, retient ses larmes et en fait qu'à sa tête; Neige, elle sourit, Neige, elle est pleine de bonne volonté, mais Neige, son plus grand défaut, c'est qu'elle assume pas. Rien. Elle n'assume rien. Elle fait une connerie ? Elle fuit, elle assume pas. Elle renvoie même parfois la faute sur autrui. Neige, oui je me répète, c'est une enfant. Neige, elle n'est pas plus intelligente qu'une autre, mais pas plus conne non plus; Neige, ce n'est pas une cruche non plus, ni la victime publique number one, Neige elle ne se laisse pas faire mais elle le fait maladroitement. Neige est une gamine qu'on regarde de haut, et qui croit que là-bas, c'est mieux, naïvement, parce que l'on a "besoin de croire, de rêver, même si c'est faux; on ne peut vivre sans espoir". Car Neige, c'est cela aussi : l'espoir. Pas seulement l'optimisme, l'innocence et la bonne humeur : elle est ce petit rayon de soleil qui vous rappelle qu'espérer peut sauver, que l'espoir et la plus belle des choses; elle est l'espoir. Le rêve, l'enfance. Neige, elle a 16 ans, mais c'est une enfant, une enfant qui voit ce qui l'entoure mais qui ne veut pas grandire, qui se protège comme elle peut, qui vit avec les cracheurs d'arc-en-ciel dans ses rêves un peu fous, celle qui passe sa vie à peindre, à peindre des toiles sans visages, juste tâches colorées, juste savants mélanges de couleurs vives, parfois de froides, du turquoise, du rouge et du fushia, pourquoi pas, une petite pointe d'un vert pomme prononcé et quelques petites lueurs, là; on voit tant tout en ne voyant rien, dans ses toiles; on voit tant tout en ne voyant rien, en elle. On se fourvoie, on est crédule. Parce qu'en fait, Neige, ce n'est plus une enfant.