Tu étais une plante.

Dans la forêt enchantée, la pluie tombait sur les cloches de verre partout autour de toi. Cela faisait comme une mélodie de tintillements, chaque cloche provoquant une note différente. Et puis il y avait le vent impitoyable qui faisait ployer les hautes herbes autour de toi, au rythme de tes cheveux. Mais les arbres, eux, ignoraient le raz-de-marée qui s'abattait tout autour d'eux : ils dormaient paisiblement dans leur cage de verre, insensibles à tout.

Toi, tu les regardais, trempée de la racine jusqu'à tes fleurs. Les lys plantés dans ta chevelure faisaient goutter la pluie sur ton nez. Tu aurais pu grelotter de froid ou avoir peur de la nuit qui tombait, mais non. Tu adorais ça. Tu voulais ne faire plus aucun bruit, comme pour te mêler à la forêt à jamais. Ne plus exister qu'à travers elle.

Tu avais l'impression de retrouver ton identité. Au final, malgré les hauts et les bas de la vie, il y avait quelque chose qui ne changeait jamais. Et ça, c'était tout ton équilibre. La nature. Elle te faisait oublier toutes les futilités auxquelles tu t'attachais, et tu te libérais.

Dans le monde, les humains étaient comme ces arbres dans leur cage, après tout, non ? Mais ils ne pouvaient éternellement ignorer ce qu'il se déroulait tout autour d'eux. Le verre, ce n'était pas immuable; une fissure s'ouvrait, s'agrandissait, puis tout était fini et ne laissait qu'un souvenir évanescent.

Tu te répétais cette phrase, encore et encore. Tu croyais que ça t'aidait à comprendre. Tu pensais à des pans de ta vie, à des choses que tu avais regretté, à des choses qui te nouaient la gorge. Et puis ici, ta gorge se dénouait. Tu n'avais plus de regrets. Tu voulais avancer, faire ton bout de chemin dans le vaste monde, exister tant que tu le pouvais. Plus que jamais.